Fake news ou comment les contes créent une ambiance
« Au loup ! »
Vous connaissez sans doute la fable du jeune berger qui effrayait toujours les autres en criant « Au loup, au loup ! ». C’est que l’on appelle aujourd’hui fake news : pour attirer l’attention, il a déclenché une fausse alerte.
Dès les vacances d’été, les médias et les assureurs ont commencé à crier au loup : les coûts ont massivement augmenté, une augmentation inédite des primes est imminente ! Il faut agir dès maintenant ! Cela ne peut pas continuer ainsi !
Regardons les faits : la soi-disant explosion des coûts n’a pas eu lieu, le chiffre de 6,5 % publié était tout simplement faux ! Au moment de la publication, il suffisait de consulter les données MOKKE (générées notamment à partir des documents des caisses-maladie) pour constater que l’augmentation des coûts était de 4,5 %. Cela a été confirmé par l’OFSP et le Conseil fédéral. Et si vous prenez la moyenne des trois dernières années, cela représente 2 % par an. Constante, linéaire, sans signes d’explosion et compréhensible depuis de nombreuses années, malgré la pandémie et beaucoup plus de travail ! D’ailleurs, pour les médecins de famille et de l’enfance, l’augmentation des coûts a été de 2,5 %. Au cours des cinq dernières années, 0,5 % par an…
Il est regrettable que des augmentations de primes excessives soient justifiées par de fausses explosions des coûts. Les prévisions officielles de santésuisse annonçaient un chiffre largement au-dessus de 10 %. Une fois encore, celui-ci était faux. Ce qui ne fait qu'accroître l'insécurité de la population en ces temps déjà incertains. Et les médias y participent volontiers : ils ne réalisent pas de calculs eux-mêmes et ne font qu’ajouter les points d’exclamation. Pour obtenir des clics. Et tant que nous y sommes : pourquoi les primes accusent-elles toujours une hausse de 150 % de l’augmentation des coûts ?
Et bien mal vous en prendrait de vous plaindre : des solutions ? Passez votre chemin ! Les forfaits tant loués par santésuisse ne s’appliquent pas à la plupart des services de santé, et dans l’article de la NZZ, qui promet d’expliquer ce qui ne va pas, je cherche encore les pistes de solution.
Vous vous souvenez de la fin de la fable dont nous parlions ? Le loup finit par réellement arriver, et personne ne se précipite au secours du jeune berger. Le loup arrive aussi dans le domaine de la santé – pas sous la forme d’une augmentation des coûts ou des primes, mais sous le masque d’un manque de ressources : notre pays manque de médecins de famille et de l’enfance, nous le signalons depuis 2005 ! Des dizaines de milliers de professionnel·le·s de la santé font déjà défaut, la pénurie va s’aggraver et nous ne serons plus en mesure de garantir les soins de la population. Ce loup-là m’inquiète bien plus !